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La pute, le gosse, et le Voyage — Un passé follement oublié

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La pute, le gosse, et le Voyage — Un passé follement oublié Empty
MessageSujet: La pute, le gosse, et le Voyage — Un passé follement oublié La pute, le gosse, et le Voyage — Un passé follement oublié Icon_minitimeSam 19 Nov - 19:50

    Là, là, je suis avec toi, arrête de pleurer..

Le visage penché sur le bébé qu'elle tenait dans ses bras, la jeune femme ne pouvait retenir ses larmes. Des gouttes d'eau qui tombaient à chaque seconde sur le visage de son fils, des gouttes de sang qui s'écrasaient sur le sol à chacun de ses pas. Lentement, elle le berçait tout en marchant en crabe à travers le peu d'espace vital qu'était le salon. Elle essayait de lui sourire, elle essayait de lui faire oublier sa peur pour qu'elle oublie sa propre douleur. Alors elle boitait, évitant la télévision, le berceau bon marché, un canapé défoncé, elle boitait et chantonnait une comptine.

Car tout enfant doit rêver. Il doit espérer vivre dans un monde féerique, magique. Il doit être aveuglé par cette confiance que cette ado de dix-neuf ans, que cette mère lui inspirait. Bien sur, il n'avait même pas six mois, et bien sur, il trouvait sa mère magnifique. Malgré ses cheveux décoiffés, malgré ces yeux d'un bleu larmoyant, pitoyable, malgré ces lèvres ou l'on pouvait discerner ces restes de gloss, et malgré le pauvre tee-shirt qui lui tombait des épaules. Et il avait raison. Car une mère est bien plus que ça lorsqu'elle se coupe les quatre veines pour son fils.
Lorsqu'elle se fait violer pour lui.

La faute à pas de chance. Une famille modeste, des études inexistantes, une grossesse d'un obscur géniteur. Les siens qui la renient. La rue. Personne ne rêverait de cet avenir, personne ne chanterait ça dans ses comptines. Mais il avait payé la passe, et après cette tournure brutale et cruelle des événements, il avait même eu la délicatesse de lui laisser un glorieux pourboire. À côté d'un kleenex tâché de sang. Interrompant la berceuse par des reniflements, elle voulait rêver, elle voulait voir les fées venir se pencher un jour sur son lit. Oh, elle demanderait si peu de chose, juste un peu de bonheur, un peu de soleil dans toute cette merde qui l'entoure. Enfin, il se calme. Ses yeux ne sont toujours pas fermés, impatients de voir ces marraines ailées, lutant contre Morphée pour continuer de regarder ce si doux visage qui lui chuchote des mots réconfortants. Car il avait entendu le bruit, il avait entendus les cris de sa mère, ceux plus gutturaux d'un homme à travers la mince cloison qui séparait la chambre du salon ou il dormait. Il fallait qu'il oublie, une fois de plus, et qu'il aille rejoindre le pays des songes.
    Et que tes rêves soient pavés d'or, Till..

Les bras tendus, penchée sur le berceau, elle le déposait délicatement sur ses couvertures aux allures de jardin d'Eden. Elle, elle l'avait quitté depuis longtemps ce jardin, et ne pouvait qu'admirer celui qui par sa simple innocence pouvait encore y accéder. Que ses rêves soient pavés d'or, et non du purin du mondé réel, non de toute cette crasse et violence que sa mère doit subir pour avoir un jour osé croquer dans la pomme d'adam, osé aimer un adolescent, osé tomber enceinte. Et osé garder la prunelle de ses yeux. Remettant d'un geste las la bretelle de son ras-du-ventre sur son épaule, effleurant du bout des doigts le tatouage qui lui avait valu son surnom, elle releva la tête vers le petit cylindre d'un orange translucide. Sa main tremblante se saisit du médicament posé sur la table à langer, et d'un geste vif, y pris trois gellules. Et son envie se calma, et comme à son habitude, elle s'agenouilla au sol, les bras dans le berceau, attendant qu'il dorme. Sauf qu'elle croisa son regard. L'enfant avait perdu la couleur maternelle de ses pupilles, et à la place d'un bleu électrique, un blanc total régnait. Comme possédé. D'abord elle cru à une hallucination, à ce que sa petite drogue lui faisait voir, mais cette idée la quitta bien vite lorsqu'elle se vit, elle.

Eve se voyait à travers ces yeux livides, ensanglantée, cet homme la tenant par la taille. La tête posée sur sa frêle épaule, il approchait sa bouche de sa gorge pour la mordre, lentement, langoureusement. Mais elle n'avait aucune envie de voir le scénario se produire une fois de plus. Alors elle lui creva les yeux.
Froidement, elle se retourna et partit sans avoir mesuré ce qu'elle venait de faire au bambin dans la salle de bain. Face au petit miroir miteux, elle voulait vérifier par elle même si les traces de morsures étaient réelles, si elle pouvait enfin avoir droit à son Paradis, à son Repos. A une putain de paix intérieure, la même que celle ressentie lorsque ses ongles percèrent les globes oculaires. A la place de cela, elle se vit des ailes. D'un noir d'encre, d'un noir de désespoir. Six en tout, comme dans la Bible, comme dans ce beau mensonge bi-millénaire. Et mieux encore, à la main, elle tenait la tête arrachée de l'homme dont elle ressentait toujours en elle la possession. Un sourire carnassier vint lui déchirer le visage en deux, inhumain certes, mais salvateur. Puis elle eu une envie : celle de se faire sauter la cervelle. C'est vrai, ça serait tellement plus drôle, le suicide d'un Ange déchut, non ? Que dira son amie Angela, cette pute rousse qui se moque d'elle et de son gamin ? Bah elle ne dira rien, cette traînée, et elle bouclera sa belle bouche gorgée de rouge à lèvres. Peut-être même qu'avec un peu de chance, elle ne viendra pas en bas résille à l'enterrement. Quittant cette si belle vision d'elle même, son regard hagard chercha l'arme. Un colt qu'elle avait eu le temps de prendre à son connard de père, à cet enculé qui se prenait pour un cow-boy, lui, ce fils de nazi.

Une fois en main, elle retourna en face du seul miroir existant, ignorant les cris et hurlement suraigus que poussait quelques temps auparavant tout ce qu'elle possédait. Non, elle, elle se colla le flingue sous la gorge, toujours souriante. Ça sera tellement drôle, qu'elle commençait à doucement en pouffer de rire, d'avance. Elle vit ses ailes noires battre, sous le coup de le folle émotion qui s'était emparée d'elle.
    Je te rejoins, mon coeur !

Le colt n'était pas chargé, mais comme déjà préparée à sa mort, elle chuta en avant, la tête touchant la surface de ce miroir aux reflets mystérieux.


Note : Eve n'a plus aucun souvenir de sa vie antérieure, si ce n'est les noms Angela et Till ainsi que sa répugnance à être touchée par un homme. Il sera donc impossible qu'elle se souvienne d'une once de son humanité passée. Le faire marquera son arrêt de mort - je me réserve donc le droit de prohiber toutes "fouilles télépathiques" ou autre aboutissant à cela, puisque non possible. Ses seuls "souvenirs" sont ceux de multiples vies inventées.
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