La première fois que je l’ai vu, je n’ai même pas eue le courage de m’en approcher. Il est descendu du ciel à la vitesse d’une flèche, en plein sur le démon cornu de la vallée, ses griffes acéré se refermant sur la peau rougie de la créature.
De son bec d’or, il sectionna les os du cou de l’être démoniaque, peu inquiété par le sang noirci qui se mit à jaillir de la blessure, éclaboussant ses plumes ambrés, puis jeta négligemment d’un coup de patte le corps inerte. Il observa le reste du campement de ses yeux platinés, avant de déployer de nouveaux ses grandes ailles, me laissant découvrir ainsi son corps de lion. Rien à voir avec les créatures d’autrefois, a la peau pendante et aux muscles atrophiés, celui-là dégageait une puissance et une prestance que je n’aurait cru possible.
D’un mouvement brusque, il tourna sa tête vers moi, me lançant un cri strident de mise en garde, ses pupilles pétillantes de rages. Effrayées, mon corps se mit trembler en même temps que le sol quand, d’un mouvement brutal, il s’élança vers le ciel aidé de ses immenses ailles, à la recherche de nouvelles proies.
Extrait des « mémoires d’une paysannes », par Reyna FOND